Les performances techniques actuelles et prévisibles de ChatGPT, nous l’avons vu dans le précédent article, sont extrêmement impressionnantes. Certains domaines, comme par exemple celui de l’Education, vont s’en trouver profondément transformés. La question qui nous intéresse ici porte sur les conséquences dans le monde de l’entreprise.
À tout seigneur tout honneur : demandons à ChatGPT d’introduire le sujet pour ce blog.
Hmmm... À peine commence-t-il ce billet de blog que votre serviteur se demande si la machine ne lui a pas déjà un peu volé la vedette. Ne nous laissons pas décontenancer et poursuivons tout-de-même.
ChatGPT a correctement identifié la première vague de cas d’usages possibles :
Support client
Traitement des requêtes clients les plus simples ou courantes, avec des réponses plus justes et en quasi-temps réel. Les questions et les réponses sont formulées en langage naturel comme le feraient des humains entre eux. L’agent ChatGPT a connaissance de toutes les conversations passées, ne s’énerve ou ne s’impatience jamais, et reste toujours disponible.
Redirection vers les experts en cas de requête plus complexe, eux-mêmes disposant de toutes les analyses préliminaires de ChatGPT et de sa capacité à donner à accès à un vaste corpus d’informations prétraité à la demande.
Possibilité de proposer des services ou produits complémentaires en plus de la réponse à la question posée, augmentant la satisfaction client.
Marketing
Rédaction de documents marketings et commerciaux, avec personnalisation aux produits et services, aux applications, aux marchés et aux langues, et peut-être aux clients mêmes.
Génération de contenu pour réseaux sociaux, avec ultrapersonnalisation aux médias et aux cibles, au niveau de langage approprié et à la fréquence aussi élevée que nécessaire.
Analyse des ressentis clients (sentiment analysis) en décortiquant les réactions émises sur tous les supports, que ce soit les systèmes de l’entreprise, les médias traditionnels ou les réseaux sociaux.
Veille concurrentielle systématique avec analyse du vocabulaire, des cibles, des évolutions produits, des annonces de recrutement, des acquisitions, etc…
Des cas dérivés se présentent en interne à l’entreprise :
Libre-service RH, pour interroger sur la politique sociale, salariale, réglementaire de son entreprise, pour consulter ses congés ou avoir une explication sur son bulletin de paie ou ses droits à la retraite.
Accès au système de gestion des connaissances interne, en identifiant et résumant les composantes pertinentes du capital intellectuel de l’entreprise, perpétuant la connaissance malgré le départ de titulaires sur les produits, les procédés, les incidents et les leçons tirées.
Aides à la productivité de toutes sortes, pour répondre à des e-mails de manière automatique, rédiger des présentations ou des minutes de réunion, traduire des textes, résumer des documents.
Une troisième série de cas d’usage beaucoup plus vaste se profile à l’horizon, dont par exemple les suivants :
Aide contractuelle et juridique
Rédaction de contrats commerciaux ou de contrats de travail, en cohérence d’une part avec la politique de l’entreprise, et d’autre part avec le droit.
Suivi de l’évolution du droit, et en particulier des normes (par exemple environnementales) en constante complexification.
Détection immédiate des risques contractuels ou juridiques sur des documents existants, avec identification de cas problématiques, et éventuellement évaluation de l’impact par recherche de jurisprudence ; due diligence possible à l’échelle de l’entreprise.
Développement informatique
Développement de code informatique à partir d’instructions plus ou moins techniques, ou utilisation des suggestions de la machine comme un point de départ, ou conversion d’un langage informatique à un autre.
Documentation de code au fur et à mesure de son écriture, avec mise à jour en temps réel pour refléter les modifications effectives.
Aide au débogage, avec autocorrections d’erreurs patentes ou suggestion de pistes à explorer par le développeur.
La liste ci-dessus est loin d’être exhaustive. Et rappelons-le ici, elle ne concerne qu’une catégorie d’intelligence artificielle : les IA génératives dans le domaine du langage.
Deux remarques s’imposent après cette liste préliminaire de cas d’usage.
Premièrement, la capacité technique avérée à utiliser ChatGPT ne signifie pas qu’il faut s’y lancer à corps perdu. Tout en ne renonçant en rien à l’innovation, il convient, comme le suggérait d’ailleurs ChatGPT lui-même dans son petit mot d’introduction, de faire preuve de la prudence et de la responsabilité nécessaires. Une petite équipe assemblée à cet effet pourra donc déterminer les cas d’usage les plus bénéfiques dans le cadre de l’entreprise en question ; évaluera les risques commerciaux, opérationnels, juridiques ou éthiques ; prendra une décision en fonction de la balance bénéfices / risques ; mettra en place les bons garde-fous ; lancera les expérimentations de rigueur et en fera un retour d’expérience avant de passer à l’échelle.
Deuxièmement, la question à l’esprit de beaucoup est la suivante : “Une machine va-t-elle me prendre mon poste ? ” La question est bien plus complexe qu’il n’y paraît, et n’est pas l’objet de ce blog. Précisons que l’automatisation de certaines tâches précises constitutives d’un poste ne signifie pas nécessairement la disparition du poste, car ses contours peuvent varier. De manière générale, les capacités de nombreux titulaires de postes seront augmentées par la technologie, les rendant plus efficaces et pertinents. Mais l’histoire suggère aussi qu’à moyen terme, l’augmentation est souvent prélude au remplacement. Sans céder à la panique, il ne faut donc pas non plus sombrer dans le déni et croire qu’" avec mon métier je suis complètement à l’abri”.
Dans l’immédiat, il est capital pour les dirigeants d’entreprise et les DRH de bien comprendre en quoi les IA génératives telles que ChatGPT impactent les compétences à développer en entreprise. C’est l’objet de notre billet de blog suivant.
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